lundi 21 juin 2010
Festival de danzas et identité culturelle (par Pierre-Luc)
Tout au long de cette belle soiree, il m'a été donné de constater la richesse culturelle bolivienne. Ce soir, cette richesse n'avait d'égale que la fierté des élèves ; si les pétards à mèches éclairaient parfois la surface de danse, leur lumiére n'était rien à côté des étincelles dans les yeux des élèves qui achevaient, tour à tour, leurs performances!
Toutefois, pour moi, le constat était plus navrant: si un tel festival de danse s'était tenu dans une école secondaire du Québec, quelles danses les élèves auraient-ils bien pu présenter? Une fois le "set carré" présenté et les 15 minutes de spectacles terminées, les spectateurs seraient retournés chez eux avec la nette impression de ne pas en avoir eu pour leur argent! Comment se fait-il qu' une culture si "distincte" que la nôtre ne puisse pas faire étalage de ses traditions? Pourquoi est-il nécessaire que les Canadiens fassent les series pour qu' on voit poindre un semblant de fierté de ce que nous sommes?
Devant tant de traditions boliviennes, j'en viens à me demander lequel des pays, le Canada ou la Bolivie, est le plus pauvre. La réponse ne se trouve certainement pas dans les données économiques et le PNB, le produit national brut de notre pays occidental fait bien pâle figure devant le PNB, le produit national de bonheur de notre pays d'adoption! Espérons qu'un jour, nous saurons retrouver nos racines, que nous serons fiers de nos traditions québécoises et que nous mettrons en lumière ce qui nous rend si "distinct". Si toutefois nous étions incapables d'y arriver seuls, gageons qu'il y aura bien des boliviens disponibles pour venir faire de la coopération internationale au Quebec afin de nous aider à retrouver un tant soit peu de ce qui nous rend si fiers d'être Québécois!
Petit mot de la fin par Sandra:
D'ailleurs, notre 24 juin approche à grand pas.... Bonne St-Jean chers amis québécois! De la verdure des plaines, admirez le feu de joie au son de la musique de Gilles Vigneault tout en dégustant une bonne bière entre amis! Ouf...je sens poindre un sentiment de nostalgie en moi. Hey oui, je suis vraiment fière d'être québécoise....
"Gens du pays, c'est à votre tour, de vous laissez parler d'amour..." Je vous jure que ce 23 juin, à 22 hres précises, je participerai, au coeur du Salar de Uyuni où je serai en vacances, à ce moment magique, ce record de milliers de compatriotes québécois qui entonneront l'hymne national de notre pays tous en choeur. Vous pourrez nous compter, Julie, Jen et moi en plus.
mardi 8 juin 2010
Notre bilan-santé est dans le rouge! (par Sandra)
On connait tous les conseils et trucs préventifs pas-possibles. Chaque fois, on les a revus avec les docs: pas d'eau, pas de fruits et légumes crus, désinfection au chlore, pas de 'tits jus en sac, pas manger dans la rue, laver ses mains 10x par jour, on cuisine maison...Mais on convient que plus le système est affaiblit, plus il est fragile à pogner tout ce qui passe. Et à cinq, disons qu'en plus la probabilité de se contaminer l'un-l'autre est plutôt grande.
lundi 7 juin 2010
Personnages du voisinage (par Pierre-Luc)
Il y a d'abord Carmen, qui tient la petite tienda voisine de notre maison. Les enfants adorent aller la voir à tous les jours afin d'effectuer les achats de base : lait, oeuf (avec parfois quelques plumes et quelques grains de paille!) et sucreries! C'est par le carreau de sa porte (que nous ne pouvons d'ailleurs franchir) qu'on s'adresse à elle en y allant d'un "Buenos dias señora Carmen". On l'entend alors arriver, clopinant et trainant des pantoufles avant d'y aller de son plus beau sourire.
Il y a aussi cette autre tienda, au coin de la rue: on y va pour sa bière! La propriétaire Angélica est fort sympatique, surtout depuis que je lui ai rendu SA bouteille. C'est qu'il faut comprendre qu'ici, les grosses bouteilles de bières sont "consignées", mais il est primordial que la bouteille retourne à SA propriétaire! Imaginez le drame alors qu'après un souper chez des amis, j'ai oublié SA bouteille. Dès que je passais devant sa tienda, elle y allait de sympathiques "MA BOUTEILLE!!". Il a bien dû se dérouler deux semaines avant que je lui rende cette fameuse bouteille. Inutile de vous dire que mes stratagémes étaient alors nombreux afin d'éviter ses appels désespérés: changer de côté de rue, presser le pas en regardant droit devant moi et faisant mine de ne pas entendre Sacha me dire: "Papa, la madame te parle!".
J'ai finalement rendue la bouteille à SA propriétaire et depuis, la relation est au beau fixe. Même si elle tente parfois de grimper le prix!
Il y a aussi Enrike, le chauffeur de taxi. Toujours ponctuel (c'est rare ici!) il va porter, chercher, porter et rechercher les enfants à l'école à chaque jour. Il est un chauffeur patient et courtois (ça aussi c'est rare ici!). Petit et un peu trappu, le visage rond ponctué de quelques poils de barbe, il semble incapable de faire du mal à une mouche. Pourtant, son surnom, "Piedra" (la pierre), cache un passé surprenant de champion national de boxe! La semaine dernière, d'ailleurs, il nous a raconté s'être servi de ses compétences à Cochabamba pour knocker un voleur de cellulaire. Aujourd'hui, il arbore une main droite enflée... alors que son adversaire, selon les dires d'Enrike, arborerait un nez cassé!
Il y a aussi Helena, qui chaque lundi, mercredi et vendredi vient donner un coup de pouce avec le ménage. Elle vient souvent accompagnée de sa fille Eveline qui, depuis, est devenue une bonne amie des enfants!
Mais il y a surtout Jorge et Anna-Maria, les propriétaires de la maison. Ils habitent presque avec nous, sur la même propriété. Ils sont nos voisins, nos conseillers, nos amis, nos grands-parents boliviens (bien qu'ils ne remplacent pas les vrais, évidemment! -message aux papis et mamies-).
Jorge est un travailleur acharné. Ingénieur de formation, il a perdu son emploi au CECI (l'organisme avec lequel nous sommes ici) il y a de cela quelques mois. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il nous loue sa maison, alors qu'eux ont emménagé dans les "appartements" à l'avant de la maison. N'allez toutefois pas croire que le prix du loyer les laisse cousus d'or et d'argent. En fait, notre loyer sert exclusivement à défrayer les frais de scolarité et de loyer de leur plus vieux fils, Daniel, actuellement à l'université à La Paz. L'éducation est très importante pour eux, comme bon nombre de Boliviens. Il leur est donc très difficile de joindre les deux bouts.
Comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, nos nombreux séjours à l'hopital leur ont donné un coup de pouce, Anna-Maria s'étant tranformée en gardienne auprès de nos enfants...et du chien!
Anna-Maria est, comme le veut la tradition, une femme au foyer. Bien qu'elle aurait aimé s'occuper de tout-petits en garderie, son mari (et l'époque) en avait décidé autrement.
Trois jours par semaine, d'ailleurs, elle cuisine pour le plus grand plaisir de nos papilles. Il faut savoir qu'une erreur médicale est à l'origine de son fillet de voix. Depuis, des montants exorbitants sont engouffrés dans ses soins de santé... les erreurs médicales ici sont rarement reconnues.
Plus d'une fois Jorge et Anna-Maria nous ont aidés et encouragés dans les moments difficiles. Je crois en fait qu'on s'appuient les uns les autres. Une chance pour nous qu'ils sont là et je sais aussi, pour l'avoir entendu de leur bouche, que nous sommes la meilleure chose qui leur est arrivée dans ces temps difficiles!
Autrement, depuis quelques semaines, les amitiés se multiplient: découvrir le "night-life" de Oruro aide. Ainsi, les Benjamin, Javier et autres oruréniens commencent à peupler notre quotidien... pour notre plus grand plaisir!
Gageons que le retour au Québec sera difficile!