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Merci à vous tous amis lecteurs de notre blogue!

Vous nous avez solidairement accompagnés tout au long de cette merveilleuse aventure bolivienne. Rapatriés au Québec à la mi-aout 2010, nos problèmes de santé ayant eu raison de notre grande volonté, nous continuons à recevoir des commentaires de gens venus lire nos écrits. Merci!

A chacun d'entre vous, nous vous souhaitons que la santé soit au rendez-vous. Osez mettre en oeuvre les étapes menant à la réalisation de vos rêves... Vous savez, ces projets qui vous habitent au plus profond de votre coeur. Comme ce fut le cas pour nous avec notre vie en bolivie.
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vendredi 26 mars 2010

Enfin...des photos de la nouvelle maison de naissance de Curahuara!

Hola mes amis lecteurs de notre blogue!

Je profite de mon charmant séjour de 5 jours dans mon hopital d'Oruro pour mettre du nouveau sur le blogue. J'ai été attaquée par la fièvre thyphoide, une salmonelle (encore!!!) qui se complique au niveau systémique. La même shnout qui a frappé mon 'ti mari il y a un mois. On partage tout, nous.


Enfin, merci à PL de m'avoir prêté l'ordi ce soir...le temps est un peu long ici. Faut croire par contre que je vais mieux si j'arrive à m'assoir et à vous écrire. Bonne nouvelle, non?

Je vous partage donc les photos de la nouvelle maison de naissance de Curahuara de Carangas. Vous vous souvenez, celle où on a travaillé fort fort? (voir le blogue ce ce sujet pour ceux qui l'ont manqué : «J'ai rêvé d'unRona...»)




La chambre de naissance: Avant les rénos

Après les rénos : c'est beau, hein?!




La salle de bain.....


Avant Après




La nouvelle cuisine, pratique et vivante

L'entrée intérieure, vers la cuisine





Deux coopérantes fières de leur travail !

Une des 3 belles murales sur le mur extérieur



Visite de la délégation canadienne, Uniterra et ACDI, avec les autorités locales
Inauguration et bénédiction de la maison de naissance avec un rituel traditionnel bolivien.



Voilà!
Et bientôt... les photos de la 2e inauguration, celle de Totora, qui s'est tenue le 21 mars:)

vendredi 12 mars 2010

L'histoire de la porte à grande portée (par Sandra)

Enfin.


Je célèbre en mon fort intérieur une belle victoire.

Je célèbre l'ouverture d'une porte dans un mur de brique. Et oui, vous avez bien lu. C'est que cette porte, on l'a défendue bec et ongle, on l'a négociée serrée et on l'a gagnée. Pas pour nous, mais pour les femmes de la communauté de Totora.



Cette porte, c'est la porte indépendante vers l'extérieur pour la nouvelle salle d'accouchement humanisé de Totora. C'est la porte qui permettra aux femmes et aux familles d'entrer discrètement dans leur lieu de naissance, de ne pas affronter leur peur de l'hopital, de se sentir le plus possible comme chez-soi. C'est la porte qui leur permettra d'entrer et de sortir à leur guise, de jour comme de nuit, sans passer devant les docs et les patients, sans fraterniser avec les microbes des autres. C'est la porte qui, nous pensons, leur donnera envie de venir accoucher dans la salle de naissance humanisée du Projet Un aguayo.

Petite histoire d'une porte à grande portée.

Décembre: nous visitons le chantier de construction de l'agrandissement de l'hopital de Totora, offert par le gouvernement canadien. Nous constatons que ce qui est prévu pour être la salle d'accouchement humanisé ne correspond pas du tout à ce que les femmes de la communauté ont exprimé. Les femmes veulent un lieu chaud, intime, commode, où peut se réunir toute la famille. Avec une petite cuisine, une entrée indépendante de l'hopital. Car ici, les habitants ont peur de l'hopital.¸Ils n'ont pas confiance, ils ne veulent pas y aller. D'ailleurs, à Totora, 75% des femmes accouchent à la maison dont au moins 50% seules avec leur mari. Les taux de mortalité maternelle et infantile sont dans la région les plus hauts de tous les Amériques, après Haiti.

Voilà donc, nous constatons que les plans semblent avoir été fait dans le but unique de remplir la nouvelle réquisition du gouvernement d'Évo Morales, soit d'avoir une salle d'accouchement interculturelle (ou humanisée) afin que les femmes puissent y accoucher selon leurs coutumes, selon leurs désirs. Alors, ils en ont mis une. En plein milieu de l'hopital, avec une seule fenêtre qui donne sur la salle d'attente, pas de salle de bain, sombre et à peine plus grande qu'un garde-robe Walk-in. Bravo.

Décembre-janvier-février: Nous enchaînons les lettres, les rencontres, les lettres, les visites, les téléphones, les lettres. Nous demandons à changer le lieu de la salle d'accouchement humanisé et de l'interchanger avec la salle d'hospitalisation qui elle sera beaucoup plus vaste, au soleil, pleine de fenêtres, avec une salle de bain. Parfait. Il ne manquera qu'à ajouter une porte indépendante et le tour est joué.

Ah, mais là, ça ne pouvait être si simple. Toute qu'une étape qu'ouvrir cette porte! Le directeur du SEDES (département de santé de Oruro) est venu avec nous sur le chantier pour autoriser les changements demandés. Tous. Sauf la porte. Pourquoi donc, me direz-vous? Parce que, selon lui, le fait de construire une entrée indépendante renforcera l'idée que la médecine moderne est séparée du volet de médecine plus traditionnel.

«Il faut travailler ensemble! Partager les mêmes lieux, les mêmes entrées! Passer ce message d'unité à la population!»

Mais oui. Pour moi, collaborer ensemble est bien distinct que de travailler soudés, collés, un par-dessus l'autre. Parce qu'il ne croit pas que les docs vont littéralement engloutir la sage-femme traditionnelle? Parce qu'il croit que les gens ne vont plus être terrorisés à l'idée d'entrer dans l'hôpital seulement parce qu'on leur dit que quelque part en dedans il y a une sage-femme traditionnelle qui les attend? Ben voyons. Il pense que les familles vont être à l'aise d'entrer et de sortir à toute heure du jour pour venir visiter la maman qui vient d'accoucher? Alors qu'ils n'entrent même pas dans l'hôpital quand ils sont malades et ont besoin de se faire soigner? Ils ont peurs des médecins et de la médecine moderne. Si on vise une augmentation du taux de naissance en centre de santé, on ne devrait pas se donner toutes les chances?

Nous avons alors convenu que nous offririons 5000 Bolivianos pour effectuer les changements de locaux, installer la salle de bain et la porte. Nous payons déjà pour l'équipement de la salle d'accouchement et le salaire de la sage-femme. Alors si toutes nos réquisisions étaient prises en compte, on allait majorer notre aide au financement. Tous ces détails ce n'est pas pour moi, pas pour le projet non plus, mais pour les femmes et les familles de la communauté. Pour qu'ils se sentent bien, à l'aise, comme chez-eux, tranquilles.

Mars: Le maire nous a dit la semaine dernière qu'il ne paierait pas pour la porte faute de sous et que nos 5000 Bolivianos ne suffiraient pas pour toutes nos demandes. Alors, pas de porte. Mais il voulait quand même nos 5000 Bolivianos pour payer la salle de bain. Hum.... dilemne. Nous avons contacté le «financiador canadien» pour l'aviser, voir ce qu'on allait faire....payer, changer pour une salle meilleure mais sans entrée indépendante ou simplement se retirer du projet??

Et c'est finalement jeudi dernier, après 3 mois de marchadange, que le dossier de la porte a abouti. J'ai eu une réunion avec l'architecte du chantier et le responsable administratif du chantier. Ils avaient déjà engagé nos 5000 Bolivianos dans de la main-d'oeuvre alors que maintenant on se questionnait à savoir si on demeure dans le projet de construction ou non... Petit problème. Alors, la compagnie a décidé de payer la fameuse porte en réduisant les dépenses ailleurs sur le chantier. 1300 Bolivianos pour acheter la porte contre 5000 Bolivianos en don du projet... Leur perte est quand même moins grande. Et en plus, les madames sont contentes.

L'inauguration (enfin) de l'agrandissement de l'hôpital de Totora aura lieu ce dimanche, le 21 mars. On devrait même recevoir la visite du président bolivien Evo Morales. Je vais certainement contempler la fameuse porte du coin de l'oeil, un petit sourire en coin, durant le discours du préseident sur la nécessité de centrer les soins de santé sur les besoins de la population...

jeudi 25 février 2010

Le projet Aguayo : où on en est maintenant. (par Sandra)

Je suis ici depuis 3 mois maintenant. Chaque mois, Ruth, Jen et moi, ont fait le point sur l'avancement du projet dans chacune des 5 municipalités. Il y a beaucoup d'informations à collecter, on revoit nos plans de travail, on planifie nos activités pour le prochain mois. Le projet est vaste, nous travaillons ensemble, mais on a quand même chacune nos mandats.

Un résumé du mien:

- appuyer l'implantation d'une équipe interculturelle (médecins + médecins traditionnels/sage-femme) et d'une salle d'accouchement interculturelle dans chacune des municipalités.

- Renforcement des capacités via des ateliers et des "intercambios" pour les équipes médicales, les sages-femmes, les médecins traditionnels et les techniciens municipaux.

- Évaluer et renforcer les rôles et les responsabilités des techniciens municipiaux responsables du projet Un Aguayo.

À Curahuara de Carangas: nous avons inauguré la nouvelle maison de naissance ce mardi en compagnie de la délégation canadienne, la municipalité, le conseil municipal, les autorités originales, la Mancomunidad Aymaras sin fronteras, le groupe de mamans de Curahuara, l'association des md traditionnels et l'équipe de santé de l'hopital. (photos à venir sous peu)

Dans les autres municipalités, soit Corque, Belen de Andamarca, Huayllamarca et Totora, les salles d'accouchements interculturelles (à l'extérieur de l'hopital ou dans l'hopital mais avec une entrée indépendante) sont en construction et devraient être terminées en mars. Auparavant, l'équipe du projet a réalisé une étude sur les besoins de femmes de chacune des communautés. Les femmes veulent un lieu qui ressemble à leur maison, un lieu chaud, accueillant, avec une entrée indépendante, de la place pour leur famille, une cuisine et un matelas au sol pour y accoucher. Elles veulent pouvoir choisir l'intervenant qui les assistera, soit la sage-femme ou le médecin. Nous motivons donc les troupes de contractants, on voit à ce que les plans respectent les besoins des femmes (sinon, on fait des lettres et des tonnes de représentations!), on achète du matériel.



Nous sommes en plein processus de recrutement de sages-femmes traditionnelles. À Curahuara, Totora et Belen de Andamarca, les entrevues ont été réalisées avec les familles et les sages-femmes. Une sage-femme par municipalité a été engagée. Reste les entrevues à Corque. Mais on a de la difficulté à rejoindre le md directeur pour planifier notre visite. Difficile ici les communications. À Huayllamarca, pas de sage-femme traditionnelle... l'équipe de santé a donc opté pour se former à la vision humanisée et interculturelle.


Nous avons amorcé à dans toutes les municipalités, sauf Corque, une série de 6 ateliers de renforcement de compétences pour les médecins traditionnels. Selon la nouvelle politique de ssanté interculturelle d'Évo Morales, chaque centre de santé devrait compter une sage-femme traditionnelle et un md traditionnel. L'idée est géniale et innovatrice, mais par contre, la façon de faire n'est pas établie quant à la rémunération (rien n'est prévu en ce moment... c'est du cas par cas!), l'intégration, la formation...

Donc, suite aux 6 ateliers, nous appuierons les groupes de md traditionnels dans leur processus de reconnaissance auprès du département de santé d'Oruro. Nous sommes donc à réaliser des listes de md traditionnels, faciliter la création d'associations.





Un nouveau problème (de taille) vient de se pointer le bout du nez: nos animateurs, l'ancien vice-ministre de la md tradicionale et une nutritionniste andine, viennent de nous larguer après s'être décommandés 3 fois lors des 4 derniers ateliers prévus!! C'est vraiment dommage, car Don Savino, l'ancien vice-ministre, est vraiment un excellent animateur et a des connaissances très solides. Mais il n'était pas motivé, pas fiable plus qu'il faut, car il souhaitait une rétribution financière plus grande... Alors là, on a 3 fins de semaine consécutives de programmées pour ces ateliers...mais on n'a plus d'animateurs!!! On est en ce moment en recherche active.


Je vais proposer au cours du prochain mois une reformulation pour les technicien-nes municipaux du projet. En ce moment, une personne qui travaille à la municipalité est responsable du projet pour sa région. Nous offrons une rétribution financière. Par contre, ces gens sont déjà très occupés avec leur travail à la municipalité, ils n'ont pas de temps à mettre sur le projet et plusieurs s'y connaissent peu en santé et peut-être même qu'ils ne s'y intéressent pas tellement non plus. En fait, ça ne fonctionne pas du tout. Et selon moi et le reste de l'équipe, nous avons absolument besoin d'un responsable sur place en tout temps, qui peut suivre l'avancement (ou non) du projet, motiver les gens, rester connecter avec les familles de la communauté. Pour nous qui voyageons quelques jours par mois dans les communautés, c'est impossible d'arriver à être aussi efficaces, sur les suivis notamment. On se réunit, la municipalité ou l'équipe de santé dit qu'ils feront ci ou ça...mais comment assurer le suivi? Quand en plus, les communications sont peu efficaces??? Pas d'internet et des lignes de cellulaires qui lâchent tout le temps...et ça, c'est quand il y en a!

Alors, voilà où on en est en ce moment. Il y a une 6e municipalité qui fait son entrée dans le prochain ce mois-ci, Santiago de Callapa. On ne chôme pas ici!!!



samedi 20 février 2010

J'ai rêvé d'un Rona... (par Sandra)

Je reviens de 8 jours de travail-de-jus-de-bras à Curahuara de Carangas où nous avons, ma collègue Jen et moi, donné de notre coeur et de nos muscles pour rénover une partie de l'ancien hôpital afin d'y déménager la «Wawa yurin uta». Pour plus d'espace et plus de commodités, dont une salle de bain. Ce qui, avouons, est quand même un ajout intéressant.

Mais tout ce beau travail est la somme de multiples aventures plus abracadabrantes les unes que les autres. Car faire de la réno sans un Rona, dans un village qui se trouve à 3 heures de ce qui peut porter le nom de ville, c'est un moyen casse-tête. Certes, il y a quelques patenteux qui peuvent vous fournir des trucs manquants... mais vous aurez franchement besoin d'activer votre système D et votre patience. L'efficacité est un concept, ici, plutôt relatif!



Avant de nous aventurer pour une semaine à Curahuara, nous avons arpenté pendant 3 jours les rues de Oruro afin d'acheter ce qui se trouvait sur notre 'tite liste rédigée par le contracteur. Vous auriez dû voir ça! 2 'tites «gringas» qui fouillent les magasins d'outils (qui ressemblent plus à des dépanneurs qu'à des magasins) en cherchant des cossins de construction, en espagnol, sans vraiment comprendre ce qu'elles cherchent. De toute beauté!




«Una barra en T por el entragaluz (quelle grandeur?! quelle largeur?! J'en sais rien , moi!!)... un tuyau de PVC de 3 po avec un coude au 45° (hein?!)»

La vie est remplie d'occasions d'apprentissage. Là, vraiment, je me sens plus cultivée!

Nous voilà donc à Curahuara après avoir organisé le stock sur notre pick-up et surveillé le tout au fil des 3 heures et demie qu'à duré le voyage. Le contracteur étant absent et introuvable à notre arrivée, nous avons nous-même déchargé notre cargaison de peinture, de bois de plancher, de stuco et de ciment. Aidée de la sage-femme et de l'employée d'entretien...et de deux enfants!


Puis, pendant 8 jours, le jour de la marmotte...du grattage de peinture, du sablage , du peinturage, du lavage...et aussi des rires, du lama, du poulet et des 'tits jus en sac, de la musique tinku, des courses au matériel manquant... et surtout, de la débrouillardise!!
Vous n'avez pas de ciseaux pour couper vos semblants-de-plats-tupperware pour faire votre découpage? Pas grave! Utilisez une scie pour couper vos 2 litres de plastique.


Vous n'avez pas d'échelle digne de ce nom pour peinturer le haut des murs? Pas grave! Montez sur un genre d'échafaud de fortune, fait en bois qui grince et qui shake en priant pour qu'il ne cède pas sous votre poids. Une chance que vous avez perdu 10 lbs depuis votre séjour en Bolivie.



Votre contracteur coupe le trou beaucoup trop grand pour le skylight que vous avez acheté? Pas grave! Il refera la partie manquante du plafond. Mais, le gyproc ne se trouve pas à Oruro? Pas grave! Il refera le plafond avec de la cage à poule, de la paille et de la poudre de craie.



Vous désirez laver le plancher mais il n'y a pas de moppe? Pas grave! Sacrifiez votre chandail qui sera attaché au bout d'un bâton. En fait, ne croyez pas que c'est typique de la campagne, tout le monde fait ça ici en Bolivie.

Vous n'avez pas assez de pinceaux pour réaliser votre jolie murale extérieure car, heureusement, beaucoup de femmes de la communauté y participent? Pas grave! Retrouvez votre coeur d'enfant et faites de la peinture à doigt.



Vous désirez écouter de la musique locale mais votre fil de radio n'a pas de fiche? Pas grave! Entrez le fil dans la prise afin qu'il ressorte de l'autre côté, gossez un peu le tout (honnêtement, je n'ai pas retenu la manoeuvre). Et si le fil pend, rendant votre structure vacillante, posez un marteau sur un amas de parquet, en dessous du fil. Vous verrez, ça fonctionne!


Jen et moi sommes pas mal fières du travail accompli. Merci à ma petite famille venue nous aider durant le week-end avec beaucoup de coeur et d'ardeur. Plusieurs femmes sont venues visiter et sont enchantées de ce nouveau lieu, plus commode, qui sera leur nouvelle maison de naissance. Reste à terminer des petits détails (on repart à Curahuara demain)... et des dizaines de petits bébés pourront naître dans ce lieu humain, chaleureux, pratique...dans lequel il y aura un peu de nous.





jeudi 21 janvier 2010

Vidéo de présentation du projet «Un Aguayo...», réalisé par Pierre-Luc







http://www.youtube.com/watch?v=tryAoOxwCpE (cliquez sur ce lien)

Chers lecteurs de notre blogue, famille, amis, collègues et autres gens inconnus,


c'est avec un IMMENSE plaisir que nous vous présentons notre projet des dernières semaines. Pierre-Luc a réuni tout son coeur et son talent afin de réaliser un documentaire décrivant le projet de coopération canadienne sur lequel on travaille ici en Bolivie.

À l'origine, ce documentaire était destiné aux élèves de Pierre-Luc de l'École Juvénat Notre-Dame à St-Romuald afin de les sensibiliser à la réalité des pays en voie de développement dans le cadre d'une semaine thématique organisée sur ce sujet.

Nous avons finalement profité de l'occasion pour produire un vidéo pouvant s'adresser à toute personne désirant en savoir plus sur le projet «Un Aguayo», ses origines, ses fondements et ses avancées. Nous croyons que les images, les visages, les sons vous permettront de mieux vivre avec nous les émotions boliviennes de l'Altiplano.


Un sincère merci à toutes les femmes et familles, enfants, lamas, villageois, sages-femmes, membres des équipes de santé qui ont aimablement accepté de partager leur quotidien avec nous...et avec vous.

Bon visionnement...et bonne réflexion!



jeudi 24 décembre 2009

3 ans plus tard, Curahuara de Carangas: là où le projet «Un aguayo» est né (par Sandra)



C’est à Curahuara de Carangas, une petite municipalité andine située à 3 heures et demi de 4x4 d’Oruro, qu’a débuté le projet «Un aguayo para un parto sin riesgo» en 2006. Avec l’aide d’une volontaire québécoise d’Uniterra, Miriam Rouleau-Pérez, les gens de la municipalité ont entrepris de trouver des solutions aux taux élevés de mortalité maternelle et infantile. En effet la région de l’altiplano occupe tristement le 1er rang pour tout l’Amérique du Sud.


À ce moment, seulement 16% des femmes accouchaient en centre de santé. La vaste majorité accouchait dans leurs maisons assistées principalement de leurs maris, de leurs familles, d'une sage-femme…mais le tout avec bien peu de moyens, mais surtout en des lieux très éloignés, rendant difficile une intervention si une complication survenait. L’offre de services dans l’hôpital (accouchements avec table de gynéco munie d’étriers) ne convient pas à ces femmes pour qui les valeurs familiales et traditionnelles sont très importantes.


Vient alors l’ingénieuse idée de partir des besoins de la population pour offrir un service adapté culturellement. La salle d’accouchement interculturelle «wawa yurin uta» est née, une sorte de petite maison de naissance chaude et conviviale avec un matelas épais au sol, une jolie déco traditionnelle, un coin cuisinette et un divan pour la famille qui accompagne la femme en travail. Les femmes qui habitent loin y logent souvent de 3 à 4 jours après la naissance. Une sage-femme traditionnelle a aussi été engagée pour faire partie de l’équipe du centre de santé, une première au pays! Les femmes peuvent maintenant choisir la personne qui les assistera à l’accouchement, de même que le type de chambre de naissance souhaitée. Afin d’augmenter la couverture de soins de santé, le CECI offre un incitatif aux femmes qui, en plus d’avoir donné naissance en compagnie d’un médecin, d’une infirmière ou de la sage-femme, ont effectué au moins 4 visites prénatales, reçu leur vaccination antitétanos et fait le suivi postnatal pour elles et leur bébé. Le paquet cadeau comprend un aguayo (tissu traditionnel qui sert de porte-bébé ici), un petit kit de vêtements de bébé, une serviette, une couverture de flanelle, un savon et de la poudre. En un an, le nombre de femmes accouchant avec un membre de l’équipe de santé est passé de 16% à 84%!

Maintenant, quelques années plus tard….

Une récente étude du CECI a montré que les statistiques sont nettement meilleures à Curahuara que dans les autres municipalités de l’Altiplano où le projet est en phase de démarrage. Beaucoup plus de femmes font un suivi complet, elles ont des connaissances plus approfondies des soins et des signes d’alarme en grossesse, accouchement et postnatal. Et surtout, elles sont satisfaites des soins offerts et de la possibilité de choisir.

Or, l’équipe de direction du centre de santé a changé…et le médecin directeur ne cache pas son désaccord avec le fait que la salle d’accouchement interculturelle est à l’extérieur de l’hôpital et que la sage-femme y pratique normalement seule, quand tout est physiologique. Il aimerait avoir un regard plus direct, en plus de participer aux accouchements, «travailler ensemble»…car, sans surprise, la quasi-totalité des femmes optent pour la salle interculturelle et Dona Gregoria, la sage-femme. L’équipe de santé a donc entrepris, subtilement, d’augmenter sa présence aux accouchements avec la sage-femme, trouvant des moyens pour s’y immiscer… comme en retenant le matériel d’accouchement dans l’hôpital.

Lors de notre rencontre, la sage-femme nous a parlé avec passion de leur projet, de leur petite maison de naissance, de la satisfaction des femmes. Et plus tard, avec le trémolo dans la voix, elle nous a exprimé sa tristesse de se sentir de plus en plus exclue de l’équipe du centre de santé, de plus en plus sur-surveillée dans sa pratique…et ce, malgré des résultats très positifs.

Et voilà, une bonne partie de mon mandat à Curahuara : voir et comprendre ce qui s’est passé et aider à la résolution de cette délicate situation en discutant avec les gens impliqués. Et aussi, voir à éviter à ce que des situations semblables de reproduisent plus tard dans les municipalités qui démarreront le projet Un aguayo dans quelques semaines.

mercredi 9 décembre 2009

Cap sur Huayllamarca (par Sandra)

Trajet entre Oruro et Huayllamarca, une des 5 municipalités de notre projet: 2 hres 30 de route dont 80% en terre rocheuse et 10% de détours.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le voyage est des plus agréables. Des paysages à couper le souffle: des montagnes couvertes de graminés, de toundra ou de cactus, les nuages juste au-dessus de notre tête, n'oublions pas que nous sommes à 3800m d'altitude. J'ai vu mon premier flamant rose ailleurs que dans un zoo, mon premier barrage de lamas. Il y a aussi les petites maison en banco isolées...qui semblent au milieu de nulle part, des femmes qui marchent sur la route qui s'éternise, des enfants seuls à vélo, les minis-villages qui surgissent sans qu'on s'y attende. Mes yeux avaient tout pour être occupés.

Ah oui, j'ai oublié de dire qu'on amenait avec nous une chica interne en médecine, assise sur le banc dans l'arrière du Jeep. Au passage, on a agrandit la familia avec deux femmes et leurs enfants respectifs qui se rendaient à notre atelier mais qui habitaient ±30 minutes de voiture de Huayllamarca. Elles ont eu de la chance. Certaines ont marché entre 3 et 6 heures pour s'y rendre. Comme quoi, la vie dans le campo est belle à voir, sans doute belle à vivre, mais certainement pas facile.


Sur la photo, on voit un des nombreux barrages de pierres. Détour dans le village oblige. Encore d'autres trouvailles... :)

El Campo : le préambule (par Sandra)

Préambule (récit personnel...le professionnel viendra ensuite):

?%*&$, ça commence mal.
Ma première journée officielle sur le terrain et je passe tout droit.

Daphnée a eu une crise d'angoisse cette nuit à cause des chats qui gambadaient sur le toit de tôle et Sacha est venu nous rejoindre dans notre lit en me confinant à la couture latérale du matelas. Bref, j'ai mal dormi. Les nombreux réveils ont été agrémentés de séquences d'insomnie...une première journée de travail en espagnol, ça fait monter le niveau de stress un peu. La première impression, c'est important.

6h40: bzzz! La sonnette de la porte? Ruth est là, la chef du projet Un aguayo. Et moi, je dors. Bravo!Ahh! Et moi qui avait prévu faire mes bagages le matin-même! (On part pour 2 jours dans le campo (lire ici: les régions rurales éloignées. Lire entre les lignes: peu ou pas de commodités, selon les standards des occidentaux bien sûr. Sous-entend: être équipée un minimum). Donc, je me lève en bougonnant contre moi-même, mets 4-5 morceaux de linge dans mon sac, me brosse les dents en vitesse, attrape le sleeping -15°C et mon coupe-vent, cache 2 barres-tendres et une banane dans mon sac, vide dans ma bouteille l'eau que j'ai fait boullir la veille....et je sors dehors accompagnée de Matisse, le champion de l'entraide, qui m'aide à amener mes affaires. «Buenos dias Ruth! Lo siento por me retraso... »

Ruth m'attend, toute souriante, au volant du Jeep-qui-a-du-vécu du CECI. Ce n'est pas pire que ça... Ici, le temps est cyclique et il revient toujours. Bon, je vais m'assurer que la prochaine fois mon alarme en chanson de Schtroumph chante plus fort.
Mais pour le moment, je suis contente, un peu sonnée mais contente et je suis surtout emballée à l'idée de découvrir cette belle partie du monde et ses habitants, et ce qui constituera mon boulot pour la prochaine année. Vamos!